Désormais, ces blindés centenaires sont les derniers témoins de cette époque de la Grande Guerre. Ils racontent l’histoire de ces hommes qui ont combattus dans cette terrifiante tourmente guerrière. Aujourd’hui, ces chars sont devenus de véritables monuments historiques.
Le 22 aout 1914, le Général d’Estienne déclarait :
« La Victoire appartiendra à celui qui le premier aura réalisé un engin cuirassé capable de progresser en tout terrain et armé d’un canon. »
Il y a 100 ans, pour la première fois, l'armée française utilise l'arme blindée pour participer à une bataille. Le 16 avril 1917, 132 chars, basés au nord de Berry-au-Bac, participent à ce combat. Tout d'abord les Schneider qui sont répartis en deux groupements : le groupement BOSSUT et le groupement CHAUBES. Puis les Saint-Chamond dans le groupement LEFEBVRE.
Il s'agit de chars Schneider de 13 tonnes armés d'un canon court de 75 et de deux mitrailleuses. Sept hommes composent l'équipage.
Cette première participation des chars à une bataille ne sera pas grande une réussite. Pratiquement la moitié des chars, mis hors de combat, sont, soit détruits par l’artillerie allemande, soit immobilisés en raison de pannes. Le chef d’escadron BOSSUT, commandant cette première concentration de blindés, sera lui-même tué dès le premier jour de cette bataille. Cette tragique expérience entrainera une réflexion sur l’utilisation de cette nouvelle technologie : le blindé deviendra une arme décisive dans les grandes batailles à venir.
Les cuirassés terrestres de la Grande Guerre
Les premiers blindés Schneider et Saint-Chamond s’engagèrent dans la Grande Guerre en avril et mai 1917
Pour l’équipage, c’était l’enfer à bord : les hommes pouvaient à peine se tenir debout, avaient comme compagnons de combat le bruit et la chaleur brûlante de l’énorme moteur et respiraient une atmosphère chargée de gaz et de fumée dégagés par les coups de canon et les salves des mitrailleuses.
Les champs de bataille étaient de véritables océans de boue parsemés de trous d’obus, d’obstacles et de tranchées. Lors des premiers combats, le Schneider et le Saint-Chamond dévoilèrent rapidement leurs faiblesses. Trop lents et une fois enlisés, ils devenaient très vulnérables ; une cible parfaite pour l’artillerie allemande.
Utilisés d’une façon intensive, ces vétérans à bout de souffle, furent remplacés, en 1918, par le premier char de l’histoire le Renault FT 17.
Le Schneider, premier blindé français
Le Schneider était massif avec ses 6,30 m de long et 2,30 m de haut. Il ressemblait à une véritable forteresse sur chenilles. Son moteur à essence de 65 cv avait du mal à déplacer les 14 tonnes du blindé à la vitesse de 4 km/h. Le Schneider était armé, à l’avant droite, d’un canon court de 75 avec une réserve de 90 obus et deux mitrailleuses Hotchkiss placées de chaque côté. L'équipage se composait d'un chef de char, d’un pilote et de cinq hommes qui servaient le canon et les mitrailleuses.
Les difficultés de maintenance forçaient les mécaniciens à récupérer des pièces de rechanges sur les chars touchés au combat.
Les 160 litres d’essence permettaient au Schneider de parcourir 50 km.
Fiche technique du char Schneider 1916
Masse : 14 tonnes
Armement : un canon court de 75 et 2 mitrailleuses Hotchkiss
Longueur : 6,30 m
Largeur : 2,05 m
Hauteur : 2,30 m
Production : 400 exemplaires
Equipage : 7 hommes
Moteur : 4 cylindres Schneider.
Puissance : 65 cv à 1200 t /mn
Vitesse : 4 à 8 km/h selon le terrain
Consommation : 320 litres pour 100 km.
Blindage : 8 à 11 mm
Un seul exemplaire existant
Collection du Musée des Blindés de Saumur
Le Saint-Chamond
Son profil bas et allongé qui se terminait par une étrave donnait à ce char une allure de navire de guerre. Cet étrange blindé avait une particularité qui le rendait très contemporain car il était équipé d’une motorisation hybride. Un gros moteur Panhard à essence entrainait une génératrice qui alimentait deux moteurs électriques reliés aux trains de chenilles. Ce système permettait de simplifier le fonctionnement de la transmission et de la direction. Mais comme le Schneider, le Saint-Chamond avait ses faiblesses, son sur-blindage le rendait trop lourd et trop lent. Son important porte-à-faux avant et arrière ne lui facilitait pas son évolution en terrain accidenté. En revanche, ce blindé était puissamment armé, sa face avant était équipée du célèbre et redoutable canon de 75 et de quatre mitrailleuses Hotchkiss. Sa puissance de feu permettait au Saint-Chamond de percer les fortifications de campagnes ennemies.
Fiche technique du char Saint-Chamond 1916
Masse : 23 tonnes
Armement : un canon de 75 et 4 mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm.
Longueur : 9 m
Largeur : 2,70 m
Hauteur : 2,40 m
Production : 377 exemplaires
Equipage : 8 hommes
Transmission hybride : 4 cylindres Panhard à essence et moteur électrique reliés aux chenilles
Puissance : 90 cv à 1450 t/mn
Vitesse : 4 à 12 km/h selon le terrain
Consommation : 400 litres pour 100 km
Blindage : 11 mm
Un seul exemplaire existant
Collection du Musée des Blindés de Saumur
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