2 CV et Méhari : l’une est l’émanation de l’autre. Ces deux véhicules uniques en leur genre ont accompagné une longue tranche de vie des Européens. Issue du terroir français, la 2 CV fête ses soixante-dix ans.
Pour elle, tout commence en 1936. Dans le secret des bureaux d’études Citroën, Pierre Boulanger, l’instigateur de la Traction Avant, travaille autour d’un projet de voiture 4 places, confortable, capable de filer à 50 km/h, ne consommant que 5 litres aux 100 km et de conception radicalement différente afin de parvenir à un prix très attractif. Le cahier des charges de ce modèle populaire, sorte de minimum automobile, tient en trois lettres : TPV pour « très petite voiture ». En 1938, les premiers prototypes parcourent la campagne autour de la Ferté-Vidame où Citroën vient d’installer ses circuits d’essais. La TPV rompt avec tout ce que l’on connaissait jusqu’à présent. Elle ne possède qu’un seul phare et l’intégralité du pavillon est drapée d’une toile se repliant jusqu’à la pointe arrière. Le début des hostilités ajourne les projets et pour ne pas tomber entre les mains des Allemands, la quasi-totalité des exemplaires de pré-série est détruite. Trois d’entre eux seront dénichés en 1994 dans un grenier d’un bâtiment du centre d’essais du Perche !
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Imaginée en plein Front populaire, la 2 CV brise la glace le 7 octobre 1948, à l’occasion du salon de l’Auto de Paris qui se déroule au Grand Palais. Qualifiée en interne de « quatre roues sous un parapluie », la nouvelle Citroën sort des sentiers battus en marquant son refus de tout compromis et déconcerte par sa drôle de bouille et sa rusticité extrême. La presse se déchaine contre ce vilain petit canard. Conçue ni pour paraître, ni pour séduire, à l’écart du tourbillon des modes, la 2 CV apparaît comme un rayon de soleil. La clientèle se retrouve dans ce concept qui permet l’accession du plus grand nombre à la motorisation individuelle. En 1950, le délai de livraison de ce carrosse existant atteint déjà six ans. Consacrée par Vincent Auriol qui, en 1954, quitte l’Elysée à son volant à l’issue de son septennat, la 2 CV parle à tout le monde. Refusant toute étiquette dans une société avide de statut, la 2 CV traverse les époques et les décennies sans pendre une ride. Le dernier exemplaire sort des chaînes de l’usine de Mangualde, au Portugal.
En 42 ans, 5 114 959 véhicules ont été fabriqués. Un record pour Citroën. Il y a cette année 50 ans, soit 20 ans après la naissance de la 2 CV, la firme du quai de Javel étonne une nouvelle fois en lançant la Méhari. Portant le nom d’un dromadaire d’Afrique du Nord, ce drôle d’animal est présenté le 16 mai 1968 au Golf de Deauville, au milieu du mouvement étudiant qui paralyse la France. C’est à Roland de la Poype, un industriel de la plasturgie, que l’on doit ce véhicule de loisir sans prétention doté d’une carrosserie de style pick-up en matière plastique souple, le kralastic thermoforme, teinté dans la masse. Sorte de Mini Moke à la française, la Dyane 6 Méhari, c’est son nom officiel, se lave au jet d’eau. Proposée au lancement en trois teintes – ocre sable, rouge vif et vert foret -, la Méhari sera produite à 150 000 unités jusqu’en 1987, y compris les versions 4 x 4 introduites en 1979.
