2018 - Honda : De la moto à l’auto

Rétromobile ouvre les festivités des 70 ans de cette marque d’ingénieurs devenue le premier constructeur de moteurs au monde. 

En 1946, le Japon se relève à peine des ravages de la guerre. Le réseau routier est dans un état déplorable et constitué pour l’essentiel de routes en terre battue. Seul un cinquième de la nationale numéro 1 qui relie Tokyo à Osaka est asphaltée. L’industrie automobile balbutiante est plus occupée à produire des camions et des bus que des voitures particulières. De toute façon, au titre des dommages de guerre, les Alliés ont interdit au Japon de produire des automobiles. C’est dans ce contexte que Soichiro Honda décide d’investir le marché des deux-roues. Il fonde le 24 septembre 1948, avec seulement 2 700 dollars en poche, une entreprise portant son nom. Fils d’un modeste forgeron, M. Honda est un bricoleur de génie fasciné par la mécanique des choses. Son génie inventif explose avec la création de la première motocyclette de la série Dream. La Honda Motor Company devient en à peine dix ans le premier producteur mondial de deux-roues motorisés. Cette ascension fulgurante n’aurait pas été possible sans les talents de gestionnaire de Takeo Fujisawa devenu l’associé de Soichiro Honda.

La marque aborde l’automobile en 1963. Non sans vaincre les entraves d’un gouvernement soucieux de limiter le nombre d’acteurs. Ainsi, le Japon doit beaucoup d’une façon ou d’une autre à M. Honda. Preuve de sa force de caractère, il sortit vainqueur d’un affrontement resté mémorable contre le gouvernement. La S500 est un bijou de technologie influencé par la culture moto : 4-cylindres tout aluminium de 531 cm3, à double arbre à cames en tête et 4 carburateurs, et transmission par chaîne. Tout comme il l’avait fait avec les motos, Honda compte sur la compétition pour gagner la confiance des automobilistes. La marque japonaise emploie les grands moyens : elle développe une F1 propulsée par un V12 maison. En dépit d’une victoire à Mexico en 1965, ce pari audacieux ne connaît pas le succès rencontré en moto. Le triomphe arrivera vingt ans plus tard avec six titres de constructeurs conquis en association avec McLaren et Williams et les pilotes Nigel Mansell, Alain Prost et Ayrton Senna. En attendant, c’est en faisant le pari de l’international, notamment des Etats-Unis, et des petites voitures économiques à l’heure du premier choc pétrolier qu’il connaît la gloire. La première Civic renouvelle le genre de la compacte mondiale. Au fil des nouveautés, Honda se forge une réputation de motoriste hors pair en démontrant qu’il est capable de produire en grande série des mécaniques aussi puissantes que celles utilisées en compétition. Défi lancé à Ferrari, le coupé NSX à moteur central de 1991 reste sans conteste la voiture la plus significative jamais produite par le Japon. Le 5 août de cette année-là, le fondateur décédait à l’âge de 84 ans. Sa philosophie n’a jamais cessé d’inspirer les productions. La recherche de la performance n’est pas obtenue au détriment de la sécurité et du respect de l’environnement.