L’AUTOPOMPE ROCHET-SCHNEIDER
Le modèle présenté, produit à 197 exemplaires entre 1920 et 1926, appartient à la série 18 400 réceptionnée au Service des Mines le 2 octobre 1919. Acquis par la Chocolaterie Menier en 1921, il affiche 40 830 km au compteur. Pendant près de 60 ans, il a assuré son service de lutte contre l’incendie à l’usine et à la ville de Noisiel qui vivaient en étroite symbiose.
En 2004, ce véhicule a été offert à la Fondation Berliet par la société Nestlé-France S.A.S, « d’une part du fait de sa marque, et d’autre part du fait du parallélisme entre les deux aventures industrielle et humaine des Sociétés Berliet et Menier ».
Créé par Edouard Rochet et Théodore Schneider à Lyon, Rochet-Schneider, dès la fin du 19ème siècle réalise des exploits : en 1896, ascension du col du Galibier (2 645 m.), en 1898, liaison Lyon-Constantinople sans incident, multiples lauriers en compétition. En 1900, est inaugurée une usine de 10 000 m2, fleuron à l’époque de « l’Ecole automobile lyonnaise ». Robustesse, fiabilité, fabrication et finition « haute-couture », telles sont les valeurs de la marque dont la production automobile cessera en 1931 et celle des véhicules industriels vingt ans plus tard.
Caractéristiques techniques de l’autopompe Rochet-Schneider :
- Moteur monobloc 6 cylindres 100 x 130 en ligne de 6 250 cm3 à soupapes latérales.
- Boîte de vitesses : 4 AV + 1 AR.
- Freins à tambours sur les roues AR commandés par tringles.
- Transmission par cardans.
- Roues en tôle à voile plein, jumelées à l’AR.
Equipement matériel d’incendie Delahaye composé d’une petite réserve à eau, d’un groupe pompe aspirante et refoulante actionné par un moteur Delahaye 4 cylindres 80 x 130 en ligne à soupapes latérales de 2 400 cm3 de cylindrée et d’agrès (tuyaux en toile, échelle double…) / Carrosserie sans porte / Équipage de 6 personnes.


UN PEU D’ HISTOIRE ROCHET-SCHNEIDER
Les débuts
Edouard Rochet (1867 – 1945), constructeur lyonnais de cycles et Théodore Schneider (1862 – 1950) passionné de sports mécaniques s’associent à Lyon en 1889, succombent à l’attrait de la construction automobile en 1894, année de la fabrication de leur première voiture dotée d’un moteur monocylindrique, d’une transmission par courroie, d’une direction réversible par guidon et de roues de charrette en bois. En 1895, deux nouvelles versions, l’une équipée de roues de bicyclettes cerclées de pneus « ballon », la seconde ne dépassant pas les 650 kg.
A la Pentecôte 1896, les deux associés réalisent l’ascension du col du Galibier (2 645 m.), exploit qui leur vaut une immense renommée. En 1898, Démétrius et Georges Zafiropoulo réussissent le parcours Lyon – Constantinople sans incident. Les succès aux compétitions automobiles se succèdent.
Rochet-Schneider Ltd à Londres
Des ateliers de la rue Paul Bert, devenus exigus, sortent 120 voitures en 1898-99. En 1900, est inaugurée l’usine ultra-moderne de 10 000 m2, chemin Feuillat. Moteurs à 2 et 4 cylindres verticaux de 8 à 40 ch. de puissance, transmission à cardan, achat de licences de fabrication par la Suisse, l’Italie, la Belgique, 250 voitures avec un effectif de 250 personnes en 1904/1905. L’affaire prospère très vite.
A l’initiative des frères Zafiropoulo partie prenante au capital, malgré les réticences des deux fondateurs, la société française est dissoute, apportée à une société de droit anglaise « la Rochet-Schneider Ltd », l’action lyonnaise de 500 francs s’échangeant contre 2 593 francs… mais la production tombe à 140 unités en 1908. L’intermède britannique cesse la même année, mais la dynamique est rompue : en 1910, Théodore Schneider part à Besançon fonder sa propre entreprise et Edouard Rochet quitte son poste de directeur général tout en restant dans la société.
Les utilitaires en première ligne
Sous la direction de François Baverey1, l’affaire se redresse : 900 voitures en 1913 avec 600 personnes. Le président de la République roule en décapotable Rochet-Schneider ! Pendant la Première guerre mondiale, Rochet-Schneider produit, pour l’Armée 1 400 camions de 1,5 tonnes et 3 millions d’obus. La paix revenue, « la Rolls-Royce lyonnaise » renoue avec la fabrication d’automobiles haut de gamme qu’une clientèle appauvrie ne peut pas acquérir et s’engage de plus en plus vers celle de véhicules industriels. La série 29 500 (24 ch.) de 1929 est le dernier modèle de voiture. Au fil des ans, la gamme de V.I., qui jouit d’une bonne réputation, s’enrichit et propose, à partir de 1932, un moteur à huile lourde sous licence Oberhänsli.
Après la 2ème guerre mondiale, l’usine reprend la fabrication de cars et bus, sort en 1948 le châssis-poutre. En 1952, Rochet-Schneider disparaît de l’annuaire des constructeurs. Ses deux activités sont alors : travaux en sous-traitance et location de locaux. Automobiles M. Berliet loue progressivement l’ensemble. À la demande des actionnaires, il acquiert la société en décembre 1959. Il y installe son département Pièces de Rechange. Renault Trucks en 2002 vend ce domaine foncier et immobilier à la Communauté Urbaine de Lyon. Aujourd’hui, c’est un important « campus professionnel » dont les constructions nouvelles rappellent le caractère industriel de l’activité initiale.
1 Inventeur du carburateur Zénith à jet compensé – Dès décembre 1906, des accords sont intervenus entre Rochet-Schneider et F. Baverey concernant l’exploitation des brevets de ce dernier. En 1909, création de la société Carburateur Zénith » chemin Feuillat à Lyon détenue à 88 % par Rochet-Schneider.