Le prix de la liberté.
L’été est propice aux vacances, souvent en automobile. Chaque année à pareille époque, nous sommes des millions (45 selon les automobiles clubs) à emprunter les grands axes routiers pour nous rendre sur les lieux de villégiatures tant attendus les 11 mois de l’année. Outre les Français, nombreux sont les étrangers, européens pour la plupart, qui viennent s’ajouter aux files de voitures chaque week-end de départ. Il en résulte des temps de parcours sévèrement allongés, parfois sous une chaleur suffocante, et des aires de ravitaillement ou de repos, totalement saturées. Si tout se passe bien, sans panne ni accident, on parvient épuisé à destination après avoir sérieusement entamé son budget en carburant et péages, voire en restauroutes plus ou moins digestes…
Certains se lèvent très tôt, d’autres choisissent de rouler de nuit, mais rien n’y fait, nous sommes toujours bien trop nombreux à nous retrouver à un moment ou un autre, pris dans des bouchons inextricables. Les axes du sud ou de l’ouest de la capitale sont les plus prisés et on ne peut pas en vouloir aux vacanciers de converger vers les stations balnéaires et les sites les plus attractifs. Mais pourquoi s’infliger une telle épreuve à bord de son véhicule ?
Parce que l’automobile demeure le seul moyen de circuler à plusieurs avec une relative grande liberté. On part et on s’arrête quand on veut, on peut emporter un grand nombre de bagages, on dispose d’un moyen de circuler une fois arrivé ; bref on est libre ! Et puis les gares et aéroports ne sont pas non plus tellement moins encombrés en ces périodes de grandes migrations.
Mais il est possible d’envisager les choses autrement, en inversant la problématique : voyager pour le plaisir et non plus seulement rouler pour atteindre une destination.
Rouler ou voyager ?
Pour beaucoup, l’automobile n’est que le moyen d’aller d’un point A à un point B le plus rapidement possible. Ceux-là privilégient les autoroutes et limitent au maximum les temps d’arrêt, parfois au détriment de la prudence la plus élémentaire.
Pourquoi s’infliger un tel stress ?
Redécouvrons au contraire le plaisir du voyage, car les vacances ne débutent pas au point de destination. Elles commencent au moment du départ, à l’heure du voyage ; et même avant dans sa phase de préparation. Bichonner son véhicule, choisir un itinéraire peu encombré, repérer des sites intéressants, sont autant de facteurs contribuant au dépaysement et à l’aventure.
Une automobile, ou une moto ancienne, se prête idéalement au voyage bucolique, les petites routes étant parfaitement adaptées aux performances de ces véhicules. Rouler à 60/80 km/h n’est plus une contrainte, et préserve la mécanique.
La France est belle, au-delà de ses autoroutes, et bien que les nationales et départementales imposent une moyenne théoriquement plus lente, elles sont riches de paysages magnifiques, de charmants villages, de petites auberges accueillantes, et promettent des rencontres plus chaleureuses que celles vécues sur une aire de stationnement de l’A7. Redécouvrons alors le plaisir de préparer son trajet, de consulter les guides et les cartes, et de sélectionner quelques sites remarquables. Il y en a pour tous les goûts : petites routes bien dessinées, villages de carte postale, châteaux et musées, fêtes locales, gastronomie régionale…
S’arrêter au gré des envies, prendre son temps en flânant selon son humeur, découvrir un endroit charmant ; échanger avec des villageois, procurent un sentiment de liberté sans égal, et valent bien un jour de moins de location à Palavas ou au Touquet. Un peu de calme en piqueniquant au bord d’une petite rivière n’est-elle pas une bonne façon de se sentir déjà en vacances ?
A l’arrivée, vous n’aurez pas plus consommé, vous aurez moins dépensé en péages, mieux traité votre véhicule, et surtout profité pleinement de votre début de vacances, partageant avec votre conjoint et vos enfants ou amis, vos émotions au cours d’un véritable voyage et non plus d’un simple trajet.
L’embarras du choix.
Nous avons la chance de vivre dans un pays ou chaque région offre des itinéraires magnifiques ; les étrangers qui nous visitent massivement ne s’y trompent d’ailleurs pas. Mais ils seront moins nombreux cet été… Le maillage de routes départementales agrémentées de sites naturels, de beaux villages, et de richesses patrimoniales sur tout le territoire permet de combiner n’importe quel voyage. Courte escapade ou long périple, tout est possible.
Ainsi peut-on redécouvrir la nationale 7 et son charme « vintage » ; c’est un peu notre route 66 ; ou les belles routes des Alpes avec leurs panoramas somptueux que l’on peut également retrouver dans les Pyrénées ; ou encore les méandres de la Loire au bord de laquelle, un château surgit à chaque instant. On peut aussi opter pour l’Alsace et ses vallons, ses villages typiques et ses traditions ; ou le Périgord qui, avec ses vieux villages souvent nantis d’un château, offre une palette de couleurs extraordinaires et une gastronomie savoureuse.
Tout proche, les Charentes comme le Bordelais séduiront les amateurs de routes viticoles, tandis que les Landes raviront ceux qui souhaitent combiner forêts et littoral ; et leur ouvriront les portes du Pays Basque. Plus sauvages, le puy de Dôme, les monts du Forez, les Cévennes ou les Causses (notamment le parc des grandes causses), permettent de rouler dans des lieux peu fréquentés ou la nature s’exprime dans toute sa plénitude. Et même dans les endroits les plus peuplés comme la Côte d’Azur, il suffit de s’éloigner dans l’arrière-pays provençal pour y prendre de la hauteur et profiter de charmants villages et de petites routes ombragées.
De la Camargue au Mercantour, en passant par les lacs de Carcès et de Saint – Cassien, le périple est émaillé de villages aux rues étroites et de jolies départementales parcourues sous le chant des cigales. Emprunter la Route Napoléon ou celle du col de l’Estérel, augurent de bons moments de conduite et de panoramas spectaculaires. Et que dire de la Corse ou les routes (très) sinueuses sont plus belles les unes que les autres, au nord comme au sud, entremêlant les roches rouges du Cap, les maquis sauvages du centre, les calanques à la mer turquoise de Piana et les majestueuses falaises de Bonifacio. N’oublions pas la Bretagne, dont la partie intérieure mérite de détour, et permet d’éviter la foule ; la Normandie, le Perche, la Vendée ; ainsi que les Hauts de France, dont on ne cesse de découvrir de nouvelles pépites à chaque voyage.
Alors oui, en abordant sereinement la route pour y accomplir un beau voyage, il est tout à fait raisonnable, et même bénéfique de partir en vacances en véhicule ancien.
Bonnes vacances et bonne route !
Bruno CAMUS.