Une icône de son époque
Lorsqu’elle apparaît dans les premiers jours de l’année 1972, la Renault 5 fait entrer l’automobile dans la modernité. Sur fond de musique yé-yé, de la mode des pantalons pattes d’éph et du mobilier en plastique, la citadine de l’ex-Régie éclaire les rues de ses teintes acidulées : jaune, orange, vert pomme, bleu layette. Dix ans après la R4, le constructeur boulonnais, décidément visionnaire, a inventé une nouvelle voiture à vivre. La R5 accompagne les mutations de la société marquée par l’émergence d’une classe moyenne, l’amélioration du niveau de vie, l’émancipation de la femme, l’apparition des villes nouvelles et l’allongement des trajets en zone urbaine.

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« Une citadine décomplexée »
La nouvelle citadine du Losange est une réponse pertinente aux besoins de mobilité découlant des évolutions sociétales. Ne remplaçant rien qui existât, la R5 révolutionne le paysage automobile. Douée de polyvalence, cette berline de 3,50 mètres au style carré, deux portes à hayon, se prête à une multitude d’usages. Les citadines d’aujourd’hui lui doivent beaucoup : la R5 est aussi à l’aise en ville que sur la route. Elle rompt avec les canons de l’époque, s’affirmant comme une bulle de fraîcheur avec ses boucliers en plastique et sa planche de bord recouverte d’un capitonnage en skaï noir. Le toit ouvrant en vinyle noir, les grandes portes sans poignées et les banquettes tendues d’un vinyle orange finissent de dresser le portrait d’une citadine décidément décomplexée. Renault ne le sait pas encore mais ce modèle populaire arrive à point nommé pour affronter les années de crise.

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Une R5 pour toutes les gammes
L’ex-Régie Renault n’a pas cherché à innover dans le domaine technique mais a transposé de nombreuses solutions éprouvées sur des modèles antérieurs à traction, que ce soit la R4, la R16 ou la R6. Autour d’une caisse autoporteuse, la boîte de vitesses est placée en porte-à-faux avant devant le moteur installé en position longitudinale et empiétant dans l’habitacle. La mécanique provient de la banque d’organes du constructeur. La R5 L, la version d’entrée de gamme, emprunte le 4-cylindres de 782 cm3 à la R4. Il délivre 34 ch à 5 200 tr/min et propulse le véhicule à 120 km/h. Issu de la R8, le 956 cm3 de 43 ch entraîne la R5 TL à 135 km/h.

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Bien accueillie par la presse, la R5 dépasse toutes les prévisions. La clientèle plébiscite la version TL. Ce succès incite Renault à monter en gamme. Il y aura bientôt la LS dotée du 1,3 litre de la R12 TS de 64 ch, la TS puis l’Alpine. La R5 gagne ainsi ses galons de sportive avec le 1,4 litre à culasse en alliage léger de 93 ch et la boîte à 5 vitesses de la R16 TX. La R5 Alpine dépasse les 170 km/h.
La R5 n’a peur de rien. Pierre Dreyfus, le patron de la Régie, estime que la R5 a sa place en Amérique du Nord au moment où la crise pétrolière incite les automobilistes à baisser leur train de vie. Ce sera « Le Car ». L’initiative ne sera pas couronnée de succès.

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Une R5 bodybuildée
En 1979, la R5, toujours à la pointe, se décline en version 5 portes et s’offre une nouvelle planche de bord plus cossue. L’année suivante, le summum est atteint avec le lancement de la sulfureuse R5 Turbo reconnaissable à sa carrosserie bodybuildée. Avec l’installation du moteur en position centrale arrière, la R5 n’est plus une traction mais une propulsion. Jouant le rôle de locomotive de la gamme, ce modèle multiplie les victoires en rallye. Elle remporte ainsi le rallye Monte-Carlo 1981 avec l’équipage Ragnotti-Andrié. Avec l’ultime évolution Maxi Turbo, le tandem vedette de Renault épingle aussi le Tour de Corse 1985.

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Une digne héritière : La Supercinq
Pour faire face au renforcement de la concurrence et notamment à l’arrivée de la Peugeot 205, Renault remplace la R5 par la Supercinq en septembre 1984. Avec la contribution du styliste Marcello Gandini et autour du slogan « plus 5 que la 5 », le constructeur a développé un véhicule plus moderne de ligne, plus habitable et plus performant. L’opération séduction est une réussite : la nouvelle citadine du Losange devient le modèle le plus vendu en France. En 1990, après dix-huit ans de bons et loyaux services, la firme de Billancourt juge qu’il est temps pour la R5 de tirer sa révérence et de laisser la place à la Clio. Mais, personne n’a oublié cette icône des années 1970-1980.

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Lorsqu’il s’agit de réfléchir à une descendante de la Zoé, les designers esquissent des formes faisant revivre la R5. En 2024, Renault va renaître avec un moteur électrique.

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